Mozart – Quintette K 407, Trio K. 498, Quatuor K. 370, Adagio et rondo K.617 – The Nash Ensemble

Partager
FacebooktwitterpinterestmailFacebooktwitterpinterestmail

mozart_triodesquilles_nashensembleUn très beau programme concocté par le Nash Ensemble en 1990, pour découvrir la musique de chambre avec instruments à vent de Mozart. Ces œuvres choisies, dédiées à des instrumentistes estimés de Mozart, sont inspirées et accessibles et permettront aux futurs mélomanes de se familiariser avec les sonorités de divers instruments à vent : flûte, hautbois, clarinette et cor.

Album: Quatuors pour Flûte / Quintette pour Cor / Trio « Kegelstatt | Interprètes: The Nash Ensemble: Michael Collins, clarinette ; Gareth Hulse, hautbois ; Frank Lloyd, cor ; Philippa Davies, flûte ; Marcia Crayford , violon;Roger Chase: alto ; Jeremy Williams, alto (K 407) ; Christopher van Kampen: violoncelle ; Ian Brown, piano. | Editeur: Virgin Classics
Voir sur Amazon.fr

Programme du disque dans l’ordre :

  • Trio pour clarinette, alto et piano, en mib majeur K.498
  • Adagio et Rondo pour flûte, hautbois, alto, violoncelle et piano en do majeur, K.617
  • Quatuor pour hautbois, violon, alto et violoncelle en fa majeur, K.370
  • Quintette pour cor, violon, deux altos et violoncelle mib majeur, K.407

Trio pour clarinette, alto et piano, en mib majeur K.498 « Kegelstatt » (1786) : Andante – Menuetto -Rondeaux  allegretto

Autographe du Trio K.498
Autographe du Trio K.498 – Cliquez pour agrandir
Le trio aurait été joué en privé par Franziska von Jacquin au piano, Mozart à l’alto et par le célèbre Anton Stadler à la clarinette.
Ici trio signifie « à trois instruments » mais parfois trio signifie « morceau à 3 voix » ou encore « partie centrale d’un menuet » comme nous le verrons plus bas…

La clarinette est un instrument à anche (lamelle de roseau) simple, de perce cylindrique, qui ne donne que les harmoniques impairs de la note fondamentale. A l’époque de Mozart, la clarinette disposait d’un système de clés rudimentaire et l’on utilisait des instruments de longueur différente pour jouer dans les différentes tonalités.

Pour la partie de corde de ce trio, Mozart n’a choisi ni le violon, ni le violoncelle, mais l’alto dont il jouait et qu’il affectionnait. Publié en septembre 1788, le trio « des quilles » fût disponible dans une édition parisienne dès le mois de décembre. Le terme « trio des quilles » provient d’un autographe dans lequel Mozart mentionne qu’il avait composé, en jouant au quilles, des pièces pour cor de basset, qui sont contemporaines du trio.

Ecoutons ce trio, interprété ici par le célèbre clarinettiste Martin Fröst :

Le thème de l’andante est constitué par une une mélodie comprenant un « grupetto », un ornement délicat qui lui donne un caractère improvisé (on voit sur le manuscrit que cet ornement n’est pas noté comme tel). L’originalité du morceau réside dans ce motif qui revient sans cesse dans les graves du piano. Malgré les facilités et le bariolage harmonique, c’est un morceau charmant.

Le menuet est plus consistant et contrapuntique. Pour les curieux : le menuet est une danse à 3 temps par mesure mais binaire, c’est à dire que l’on peut diviser le temps en multiples de 2. À l’époque classique, on intercalait un trio au milieu du menuet. À l’origine, le trio de la suite baroque était un menuet écrit à 3 voix ; ici Mozart n’écrit pas à 3 voix, mais rend le trio rythmiquement ternaire, sans changer la barre de mesure, grâce à des triolets qui se superposent à un accompagnement évitant toute division binaire du temps.

Le dernier mouvement est écrit Rondeaux et non « rondo », qui est l’orthographe habituelle italienne. Il s’agit bien d’un rondeau à la française, avec un thème unique (le refrain) et trois couplets différents. L’ensemble est assez plaisant et débridé, un des couplet comprend des superpositions de rythmes ternaires et binaires. Étrangement la troisième partie de l’autographe ne comporte pas la mention piano-forte mais cembalo (clavecin).

Adagio et Rondo pour flûte, hautbois, alto, violoncelle et piano en do mineur, K.617 (1791)

La partie jouée au piano dans cet enregistrement avait été composée à l’origine pour la virtuose de l’harmonica de verre Marianne Kirchgässner. Le principe de l’harmonica de verre du 18e siècle est original : il consiste à faire sonner des verres en les effleurant; l’instrument a été perfectionné notamment par Benjamin Franklin. Le son est très suave, mais relativement faible lorsque l’harmonica est accompagné d’autres instruments. Pour en savoir plus vous pouvez consulter l’article de wikipedia consacré à cet instrument.

On peut entendre dans la vidéo suivante le début du rondo, interprété à l’harmonica de verre par Thomas Bloch, l’un des spécialiste de cet instrument :

Il nous semble que l’ensemble est plus équilibré lorsque le piano remplace l’harmonica de verre. Dans l’adagio, et encore plus dans le rondo, le clavier joue un rôle de soliste assez marqué et donne parfois à cette pièce un caractère concertant. L’adagio du quintette démarre en mineur sur un unisson saisissant qui contraste avec le thème simple et lumineux qui ouvre le rondo. Une œuvre double, comme Mozart, avec de très, très belles modulations.

Quatuor pour hautbois, violon, alto et violoncelle en fa majeur, K.370 (1781) : Allegro – Adagio – Rondeau Allegro

Écrit pour Friedrich Ramm, principal hautboïste de l’électeur de Bavière. Le hautbois qui appartient à la très vieille et riche famille des instruments de perce conique à anche double, possédait seulement 6 clés à la fin du 18e siècle.

Dans l’introduction de l’adagio, en ré mineur, Mozart utilise habilement les registres extrêmes du hautbois avec une mélodie très cantabile et ornementée qui contraste avec le caractère plus « carré » des voix des cordes. Le violon et l’alto jouent très souvent de concert pour laisser plus de champ au hautbois. Dans le rondeau, il y a un fameux passage, à partir de la mesure 100, dans lequel la clarinette joue 4*4=16 notes par mesure alors que les autres instrument conservent le 2*3=6 initial. Il est évident que ces deux rythmes ne se superposent pas, mais le passage est tellement rapide que l’auditeur n’éprouve pas de sensation de polyrythmie.
Pour les curieux , le passage est à 2’17 min de la vidéo, qui donne à entendre une version très (trop?) rapide du rondo.

Quintette pour cor, violon, deux altos et violoncelle en mib majeur, K.407 (1782): Allegro -Andante – Allegro

Le quintette serait dédicacé au corniste Joseph Leutgeb. Le quintette à corde à deux altos et deux violons était très répandu au 18e siècle; ici Mozart a innové en remplaçant le premier violon par un cor, qui se fond étonnamment bien dans l’ensemble.
L’œuvre est en mi bémol majeur, la tonalité du cor classique, qui avait succédé au cor de chasse en ré. Les pistons n’ayant été inventés qu’en 1813, les cornistes de l’époque classique devaient boucher le pavillon de l’instrument pour jouer les notes qui ne sont pas des harmoniques (multiples) de la note fondamentale. On est loin de la virtuosité du hautbois ou de la clarinette, quoique….la fin du premier allegro n’est pas de tout repos pour le corniste.
L’absence de piano se traduit par une écriture plus abstraite, assez sage et parfois dense. Le cor dialogue principalement avec le violon. On pourra noter l’entrée amusante du cor sur un temps faible qui s’entend très bien dans cette version donnée par des étudiants :

Ces œuvres de chambre de Mozart ne sont pas à négliger et, à notre avis, il vaut mieux commencer par là plutôt que d’aborder d’emblée les quatuors et quintettes à corde. Il y a bien le quintette avec clarinette mais c’est pour un autre article…

Partager
FacebooktwitterpinterestmailFacebooktwitterpinterestmail

Laisser un commentaire