Johannes Brahms (1833-1897) – Sextuor à cordes en si bémol majeur op.18 (1860)

On accole souvent des épithètes malheureuses aux œuvres classique; le premier sextuor de Brahms, parfois qualifié de frühlingsextet, sextuor du printemps, n’y a pas échappé. Si les deux derniers mouvements ont quelque chose de vaguement pastoral, on peine a retrouver dans les deux premiers les «douces rêveries au bord de l’Elbe en un blond printemps» évoquées par Claude Rostand, grand spécialiste de Brahms. Cette œuvre doit être jouée avec un engagement exceptionnel pour révéler son vrai visage. Elle est animée par une énergie, une simplicité et une noblesse qui reflètent bien plus l’âme du compositeur qu’elle ne dépeignent un quelconque paysage bucolique.

Les œuvres de chambre étaient à l’origine destinées à être jouées par des musiciens amateurs expérimentées, et non à être données en concert; par traditions elles sont souvent un peu plus difficiles d’accès et élitistes que d’autres genres musicaux. Ce n’est pas le cas de ce sextuor, deuxième œuvre de chambre de Brahms, très accessible malgré sa grandeur.

Pour découvrir cette oeuvre, le premier mouvement enregistré par l’ensemble Hypnos avec beaucoup d’allant:

Comme son nom l’indique, il y a dans ce sextuor six instruments: deux violons, deux altos et deux violoncelles. Cette configuration permet par des procédés très simples (violon doublé par l’alto, alto doublé au violoncelle etc…) d’apporter un sentiment de plénitude à l’auditeur, surtout quand Brahms utilise le procédé des triples ou quadruples cordes (chaque instrumentiste jouent 3 ou 4 notes simultanément), ce qui fait entendre simultanément 18 voix différentes !

Le sextuor est construit comme beaucoup de sonates de Beethoven : 1er mvt de forme sonate; 2e, thème et variations; 3e, scherzo ; 4e, rondo. Après un premier mouvement plein de vie Allegro ma non troppo, on s’attend à un certain repos lors du second mouvement et l’on est surpris par la vigueur de l’andante moderato à deux temps, qui n’est pas de forme sonate comme le précédent mais constitué de variations sur un thème ascendant très simple qui aurait pu tout à fait être un chant traditionnel du pays de Galles! C’est absolument admirable mais demande des interprètes à la hauteur.

Le deuxième mouvement enregistré par le célèbre quatuor Talich vous est offert par la maison de disque, la dolcevolta, dans une version très énergique, du moins au début:

Le scherzo qui ici se souvient qu’il était autrefois un menuet avec un trio ne se perd pas en développement inutiles. Le rondo final est très développé et plein d’inventions même s’il n’atteint pas les sommets des deux premiers mouvements.

Version choisie

Album: Johannes Brahms : Sextuor/Sextet n° 1 – Trio avec piano n° 1 | Interprètes: Stern, Schneider, Katims, Thomas, Casals, Foley, Hess | Editeur: Sony
Pour une fois nous vous suggérons une « vieille » version, enregistrée dans les années 1950 en mono, lors du festival de Prades organisé par le violoncelliste Pablo Casals (que l’on entend parfois grogner mais de manière très musicale), tout simplement parce qu’elle est exceptionnelle, que l’ incroyable engagement de chaque instant de tous les musiciens en font la version de référence. Le disque comporte également le très beau trio n°1 de Brahms composé en 1854 et réécrit en 1891, de caractère nettement plus romantique.
Pour l’instant, le CD est épuisé en France

Autres versions

Parmi les autres versions disponible nous avons particulièrement apprécié la version del’Ensemble Raphaël [Concord-Hyperion], que nous recommandons grandement à ceux qui souhaitent un enregistrement en stéréo. Pas aussi intense que la version précédente mais, à notre avis, au dessus du lot.
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