Brahms quintette op. 34 (quatuor ebene)

Brahms – Quintette avec piano en fa mineur op.34

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Johannes Brahms (1833-1897 )– Quintette en fa mineur op.34, pour piano, deux violons, alto et violoncelle (1864)

Baden-Baden. Brahms, y acheva son quintette durant l'été 1864.
Baden-Baden. Brahms, y acheva son quintette durant l’été 1864.

Jusqu’à présent, nous avons tenté de faire découvrir des œuvres assez accessibles ; celle-ci un peu plus difficile, mais de toute beauté, cela va de soi… La complexité du quintette op. 34 est tempérée par la présence de thèmes mémorables qui fournissent de bons repères à l’auditeur.

Initialement Brahms voulait écrire un quintette à corde classique, sans piano, mais avec deux violons, un alto et deux violoncelles. Ce quintette primitif, dont le manuscrit a été détruit et qui a reçu le numéro d’opus 34a, avait été présenté par Brahms à deux de ses plus chers amis : Clara Schumann et le violoniste Joseph Joachim. Tous deux avaient été enthousiasmés par les idées musicales, mais avaient jugé que le quintette n’était pas la forme la plus appropriée pour les exprimer.

Brahms remania l’œuvre qui devint une sonate pour deux piano (op. 34b), dont on peut entendre le premier mouvement, interprété par Frédéric D’Oria-Nicolas etAlexander Kobrin dans la vidéo suivante :

Cette version à deux piano, qu’aimait beaucoup Brahms, mène depuis une vie parallèle. Dédicacée (tout comme le quintette définitif) à la princesse Anna de Hesse, elle fut publiée en 1872.

Cependant ses amis n’étaient pas entièrement satisfait du résultat et, devant leur insistance, Brahms donna à son œuvre sa forme définitive au cours de l’été 1864. C’est le chef d’orchestre Hermann Levi qui le convainquit d’adopter la forme du quintette avec piano.

Le quintette est beau au-delà de tout ce qu’on peut en dire. Quiconque ne l’a pas connu sous ses formes initiales de quintette pour cordes et de sonate pour deux piano ne pourrait pas supposer que l’œuvre n’a pas été originellement pensée et conçue pour la présente combinaison d’instruments (…) D’une œuvre monotone pour deux pianos vous avez fait une chose d’une grande beauté, un chef d’œuvre de la musique de chambre. On n’avait jamais rien entendu de tel depuis l’année 1828.

Hermann Levi, Lettre à Brahms ; cité par Claude Rostand dans son fameux « Brahms » chez Fayard.

Les indications de minutage feront référence à cette interprétation intégrale, postée avec le consentement des musiciens  (coréens, il semblerait, merci à eux !):

Comme souvent chez Brahms les mouvements sont ceux de la sonate classique : un mouvement rapide de forme sonate, un mouvement lent, un scherzo (du temps de Mozart un menuet), et un finale.

Au fait qu’est-ce que ça veut dire un mouvement de sonate de forme sonate ?
La forme sonate est un principe de développement, qui est en général appliqué au premier mouvement d’une sonate : l’exposition expose le ou les thèmes (ici il y en a 3 ou 4) dans des tonalités définies, on les développe ensuite en modulant, c’est le développement, puis dans la réexposition on reprend tout ou partie des thèmes dans le ton principal (ce n’est pas le cas de ce quintette) , avec ajout ou non d’une coda finale.

Avec un procédé de développement aussi puissant, il est malheureusement possible de produire une musique scolaire et extrêmement ennuyeuse. Il faut aussi avouer que si l’auditeur n’effectue pas cette gymnastique qui consiste à essayer de se souvenir des thèmes, la forme sonate peut lasser ; un peu comme lorsque l’on écoute du Jazz et que l’on ne connaît pas les standards sur lesquels les musiciens improvisent.

Il est à notre avis souhaitable d’ écouter de nombreuses fois les œuvres complexes, comme celles qui exploitent la forme sonate, pour se familiariser avec les thèmes. Pourquoi ne pas écouter ce quintette tous les jours pendant un mois, par exemple ? Cela ne peut pas vous faire de mal. La musique de Brahms, même lorsque celui-ci exprime certains tourments intérieurs, est saine et ne risque pas de dérégler vos humeurs.

Revenons à la forme sonate de l’allegro: vers 4’05, quand le violoncelle fait des mouvements descendants bizarres et que le premier thème prend une couleur étrange , c’est le début du développement. A 6’20 quand le premier thème revient c’est la réexposition.

Les trois autres mouvements sont très riches et contiennent également plusieurs thèmes, le finale étant le plus développé. Brahms ne cède jamais à la facilité et ne se relâche jamais. L’écriture est très variée : thèmes vigoureux à l’unisson, contrepoint, passages fugués, alternance de rythmes binaires et ternaires, syncopes, décalage rythmique entre le piano et les cordes… Il est possible de donner une description longues et fastidieuses de l’œuvre mais, comme Brahms ne transforme pas trop ses thèmes, une écoute attentive -mais répétée- devrait suffire à notre niveau, qui est avant tout celui du plaisir de la découverte.

Il ne faut pas hésiter à regarder la partition si l’on lit un peu la musique. Le meilleur site: celui de la Bibliothèque Musicale Petrucci

Parmi les innombrables qualités de compositeur de Brahms, il faut mentionner son don d’invention mélodique : Brahms aimait les chansons populaires, dont l’esprit se retrouve dans ses propres thèmes. Inventer un air si bien tourné qu’il semble issu du fond des âges.. le rêve de tout mélodiste qui se respecte.

Pour résumer : un pièce majeure, très riche et libre, quoique respectant un schéma classique ; aucune facilité; des thèmes mémorables et enthousiasmants…

What else ?

A la recherche de la meilleure version.

L’œuvre a été abondamment enregistrée par de très bons ensembles. Nous avons recherché une version dans laquelle le mixage ne mette pas trop en valeur le piano, qui soit énergique et qui fasse bien sentir les accents rythmiques mais avec des cordes expressives et non monolithiques. C’est un choix très subjectif, cela ne signifie donc pas que les autres versions soient forcément moins bonnes. En raison des traditions d’interprétation assez récentes et de l’instrumentation moderne ce répertoire est servi de manière beaucoup plus homogène que celui des époques antérieures.

Sur la vingtaine de version écoutée, notre préférence va à celle réalisée par le quatuor Ebene et Akiko Yamamoto.

Brahms Quintette op 34 quatuor ebeneAlbum: Quintette avec piano, Quatuor n°1 | Interprètes: Akiko Yamamoto, piano – Quatuor Ebène | Editeur: Warner Classics
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