Ellen et le barde

Schubert – Ave Maria

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Franz Schubert (1797-1828) : Ellen Gesang III D.839 (1825) dit Ave Maria

Vous trouverez un peu plus bas une présentation de l’Ave Maria de Schubert mais pour les plus pressés, voici une version pleine d’émotion interprétée par Sumi Jo le jour de la mort de son père :

Franz Schubert en 1825
Franz Schubert en 1825

 

L’Ave Maria de Schubert, qui est sans doute la pièce la plus populaire de ce compositeur, apparaît de prime abord comme une mise en musique de la prière qu’adressent les catholiques à la Vierge Marie. En réalité, si le texte qu’a choisi initialement Schubert est bien une prière à la Vierge, il ne s’agit pas de celle entonnée par les fidèles de l’église, mais celle d’un personnage de fiction, Ellen Douglas, héroïne du long poème de Walter Scott, The Lady of the Lake (1810), dont la trame se déroule en Écosse à la fin du Moyen-Âge. Schubert a mis en musique quelques extraits de ce poème, dont trois chants d’Ellen (Ellen Gesang), l’Ave Maria étant le dernier d’entre-eux.

Si vous êtes pressé et recherchez une version de l’Ave Maria à télécharger (version allemande choisie par Schubert) nous vous suggérons l’interprétation de Barbara Bonney : voir sur Amazon.fr

Texte  de l’Ave Maria de Schubert

Version originale en anglais

Le texte de Scott est intitulé Hymn to the Virgin (hymne à la Vierge ), il figure à la fin de la troisième partie, alors qu’Ellen s’est réfugiée avec son père dans une grotte. Voici le texte accompagné d’une tentative de traduction maison :

«Hymn to the Virgin» par Walter Scott Traduction
Ave Maria! maiden mild!
Listen to a maiden’s prayer!
Thou canst hear though from the wild;
Thou canst save amid despair.
Safe may we sleep beneath thy care,
Though banish’d, outcast and reviled –
Maiden! hear a maiden’s prayer;
Mother, hear a suppliant child!
Ave Maria
Ave Maria! undefiled!
The flinty couch we now must share
Shall seem this down of eider piled,
If thy protection hover there.
The murky cavern’s heavy air
Shall breathe of balm if thou hast smiled;
Then, Maiden! hear a maiden’s prayer,
Mother, list a suppliant child!
Ave Maria!
Ave Maria! stainless styled.
Foul demons of the earth and air,
From this their wonted haunt exiled,
Shall flee before thy presence fair.
We bow us to our lot of care,
Beneath thy guidance reconciled;
Hear for a maid a maiden’s prayer,
And for a father hear a child!
Ave Maria.
Je te salue Marie ! Douce vierge !
Entends la prière d’une vierge !
Tu peux entendre même depuis cette nature sauvage;
Tu peux sauver au milieu de la désolation.
Puissions nous dormir en sûreté sous ta protection,
Bien que bannis, réprouvés et honnis –
Vierge ! entends la prière d’une vierge;
Mère, écoute une enfant qui supplie.
Je te salue Marie !Je te salue Marie ! Inviolée !
La couche rocailleuse que nous devons partager
Semblera recouverte de duvet d’Eider,
Si tu nous couvres de ta protection.
L’air de cette caverne ténébreuse
Sera pour nous comme un baume si tu nous a souri;
Alors, Vierge, écoute une enfant qui supplie !
Je te salue Marie !Je te salue Marie, toi qui fut crée sans tâche.
Les démons immondes de la terre et de l’air,
Seront exilés de ces lieux qu’ils hantent,
Il fuiront devant ta lumineuse présence.
Nous sommes courbés par les soucis,
Mais en paix parce que tu nous guides.
Vierge, écoute la prière d’une vierge pour elle-même,
Et écoute la prière d’une enfant pour son père.
Je te salue Marie !

Traduction en allemand

le cycle de lieder composé par Schubert repose sur une traduction en allemand qui s’éloigne un peu du texte de Scott, voici la première strophe :

Ellen et le barde
Ellen et le barde

Ave Maria! Jungfrau mild,
Erhöre einer Jungfrau Flehen,
Aus diesem Felsen starr und wild
Soll mein Gebet zu dir hinwehen.
Wir schlafen sicher bis zum Morgen,
Ob Menschen noch so grausam sind.
O Jungfrau, sieh der Jungfrau Sorgen,
O Mutter, hör ein bittend Kind!
Ave Maria!

Écoutons la version originale en allemand(Ellen dritter gesang) de l’Ave Maria de Schubert

Il y a trois strophes qui reprennent chacune la même mélodie, il s’agit donc d’un lied strophique, par opposition à ceux dont la mélodie varie en permanence avec le texte (lieder durchkomponiert).

Jetons un coup d’œil rapide à la partition :
Ave Maria de Schubert premières mesures (version originale)

L’œuvre est en sib majeur à 4 temps (multiples de 2) mais étonnamment les petites notes des arpèges [on croirait vraiment entendre une harpe, ce qui est normal puisque Ellen est accompagnée par un barde écossais] sont des sextolets (multiple de 3). Plus loin la mélodie principale est parfois ternaire (triolet).

On notera l’alternance fréquent de majeur et de mineur en fonction des sentiments éprouvés par l’héroïne. Schubert emploie un procédé très plaisant sur les valeurs longues : l’accompagnement module alors que la note chantée est la même.

Dans une lettre à ses parents datée de 1825, Schubert évoque le succès rencontré par cet hymne:

«Mes nouvelles chansons, tirées du recueil « La dame du lac » de Walter Scott ont été chaleureusement accueillies. Le public a éprouvé un grand plaisir devant la solennité de l’hymne à la Sainte Vierge; il semble qu’un esprit de dévotion et de piété a contaminé celui des auditeurs. Je crois que j’ai atteint ce résultat en ne me forçant jamais à l’extase religieuse et en me décidant à ne pas me contraindre à composer ce genre d’hymne ou de prière à moins d’être involontairement subjugué par le sentiment et l’esprit de la dévotion ; dans ce cas, la dévotion est habituellement d’une espèce authentique.»

 

Version inspirée de l’Ave Maria catholique

Les paroles sont en latin et légèrement modifiées par rapport à la prière officielle (il y a quelques répétitions):

Ave Maria, gratia plena,
Maria, gratia plena,
Maria, gratia plena,
Ave, Ave, Dominus,
Dominus tecum.
Benedicta tu in mulieribus, et benedictus,
Et benedictus fructus ventris (tui),
Ventris tui, Jesus.
Ave Maria!

Sancta Maria, Mater Dei,
Ora pro nobis peccatoribus,
Ora, ora pro nobis;
Ora, ora pro nobis peccatoribus,
Nunc et in hora mortis,
In hora mortis nostrae.
In hora, hora mortis nostrae,
In hora mortis nostrae.
Ave Maria!

L’Ave Maria « officiel » tient sur une seule strophe, dont on n’indiquera que la traduction habituelle en français :

Je vous salue, Marie pleine de grâce ;
le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,
le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
priez pour nous pauvres pécheurs,
maintenant et à l’heure de notre mort.

Voici une version un peu rapide et très simple (mais assez virginale) de l’Ave Maria de Schubert reprenant la prière catholique ici :

Autres versions de l’Ave Maria de Schubert

Il y a pléthore de versions plus ou moins réussies ( à la flûte de Pan, à la guitare, par les Petits chanteurs à la Croix de bois, par Nana Mouskouri, par Céline Dion etc…)

Il fallait faire un choix et proposer quelque chose d’original et de musical, ce sera… Los Nocheros, un groupe folklorique argentin originaire de Salta, dans les andes. Ce qu’il y a d’intéressant dans leur version c’est que les modulations de l’accompagnement se font entendre réellement dans les voix, alors que dans la version originale, ce n’est qu’une impression trompeuse.

Puisque nous sommes dans les Andes, nous allons quand même écouter la version à la flûte de Pan, par l’inévitable Zamfir (les changements de rythmes par rapport à l’original sont très laids mais c’est un incontournable):

Les autres chants du cycle

Il y a trois chants d’Hélène/Ellen et pas seulement l’Ave Maria, écoutons le premier par Janet Baker

Les autres chants du cycle de la Dame du Lac sont pour chœur d’homme(Bootgesang D 835), chœur de femme (Coronach  D 836 ) et baryton (Normans Gesang D 846 et Lied des gefangenen Jägers D 843)

Pour finir écoutons Coronach une très belle composition, qui mérite d’être entendue.

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