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Petite histoire de la musique classique

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Mise à jour octobre 2017
Cette histoire de la musique à l’attention des débutants permet de se familiariser avec les grandes périodes de la musique classique à travers l’écoute d’une vingtaine d’extraits musicaux.

Pour une approche moins didactique, consultez les musiques classiques les plus connues. La petite discothèque idéale de la musique classique propose un choix raisonné d’albums classiques de grande qualité.

Les grandes périodes de l’histoire de la musique

Les dates retenues pour cette chronologie de l’histoire de la musique occidentale sont très schématiques, mais faciles à mémoriser. En réalité ces périodes se chevauchent. Cette présentation est très synthétique et volontairement lacunaire, il n’a pas été possible de tout aborder en une seule page.

Au sens restreint du terme le classicisme désigne une période de référence en matière de clarté et d’équilibre, on peut la situer entre 1760 et 1810, en ce qui concerne la musique.
Nous désignons par le terme de période classique élargie la musique de la fin de la Renaissance jusqu’au premières années du 20e siècle: il y a une complexification de l’harmonie, sur des bases tonales partagées par tous: cette période sera privilégiée pour la sélection discographique. Le 20e siècle verra l’éclatement du langage musical savant en plusieurs tendances rivales.

Passons maintenant en revue les différentes périodes de l’histoire de la musique. En écoutant les extraits, il faut essayer de ressentir l’atmosphère propre à chaque période.


1. Le Moyen- Âge

Le Moyen-Âge musical n’a pas de frontières bien définies. C’est une période très longue où cohabitent, dans sa phase finale, les façons de chanter héritées des églises chrétiennes antiques et des œuvres qui portent en germe tout le développement ultérieur de la musique classique occidentale.

La musique savante médiévale est intimement liée à la liturgie chrétienne. Pour désigner la musique « religieuse » on emploie en général le terme de musique sacrée. L’autre versant de la musique médiévale est celui de la musique profane ( c-a-d non sacrée ) : chansons, musique instrumentale …

Le chant grégorien

Commençons par le chant grégorien, qui est encore pratiqué dans l’église catholique à l’heure actuelle. C’est un chant monodique (une seule « voix »). Tous chantent la même mélodie. Chaque chant a une couleur déterminée, uniforme, car il est basé sur un mode, comme dans la musique indienne. On parle de musique modale par opposition à la musique ultérieure qui est tonale et qui n’utilise plus que deux modes, le majeur et le mineur jusqu’à la fin du 19e siècle. Les oeuvres tonales n’ont pas cette coloration uniforme, car la réduction à deux modes est compensée par la succession d’accords (superpositions de notes) de couleurs différentes.

Nous écouterons tout d’abord un extrait d’un chant cistercien (un type de chant grégorien) du 12e siècle, provenant des Répons de Matines pour la fête de Saint Bernard:

Album Chant Cistercien
Œuvre : Répons de Matines pour la fête de Saint Bernard
Interprètes: Marcel Pérès, Ensemble organum
Album : Chant Cistercien
Éditeur: Harmonia Mundi
Extrait: Virtute Multa

Les premières polyphonies

Écoutons ensuite un exemple de musique sacrée polyphonique (plusieurs « voix », c’est à dire plusieurs mélodies simultanées) du 12e siècle. La polyphonie est l’une des « marques de fabrique » de la musique classique occidentale. Cette polyphonie à deux voix est l’une des plus anciennes traces écrites de polyphonie:

Album Polyphonie Aquitaine
Œuvre: Polyphonies Aquitaines du XIIe siècle
Interprètes : Marcel Pérès, Ensemble organum
Album : Polyphonies Aquitaines du XIIe siècle: Saint Martial de Limoges
Éditeur : Harmonia Mundi
Extrait : Veri solis radius

La pratique de l’interprétation de la musique médiévale est affaire de spécialistes, tout à la fois artistes et musicologues. Les systèmes de notation varient d’une époque et d’un pays à l’autre et les interprètes doivent faire preuve de science, de goût et d’imagination pour faire revivre la musique de cette époque reculée.

Les grandes écoles

La France et la Flandre dominent la production musicale savante. A partir du 12e siècles, on utilise les divisions suivantes pour caractériser les écoles et époques qui se succèdent dans le nord de la France jusqu’à la Renaissance:

  • Saint-Martial
  • Notre Dame
  • Ars Antiqua
  • Ars nova
  • Ars subtilitor

Nous nous en tiendrons là en ce qui concerne cette période si riche et complexe. Dans le cadre de cette petite histoire, destinée à ceux qui souhaitent découvrir la musique classique, il vaut mieux se concentrer sur des époques dont la musique nous est d’un accès plus immédiat.


2. La Renaissance (1400-1600)

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D’un point de vue musical, la Renaissance est une période de transition, lors de laquelle se met en place la tonalité On y découvrira des polyphonies sacrées somptueuses et d’une grande complexité et des œuvres instrumentales profanes déjà très modernes, quoiqu’encore un peu monotones, d’un point de vue harmonique, pour nos oreilles. La musique instrumentale qui était improvisée auparavant devient semi-écrite (tablatures qui guident l’improvisation) puis écrite à la fin du 16e siècle, comme par exemple chez les virginalistes anglais . Pendant la Renaissance, le centre de gravité de la musique sacrée se déplace de la France à l’Italie, l’école franco-flamande qui dominait au 15e siècle cède la prééminence aux écoles romaines et vénitiennes au cours du 16e siècle.

Josquin Des Prés ou Josquin Desprez (1440-1521) est né en Picardie. C’est un des très grand maître de l’école franco flamande. Il a voyagé en Italie et a composé cette messe en l’honneur du duc de Ferrare, Ercole.

Album Missa Hercules
Oeuvre: Missa Hercules Dux Ferrariae
Compositeur: Josquin Desprez
Composé en: 1480
Interprètes: A sei voci
Album : Josquin Desprez – Missa Hercules Dux Ferrariae
Editeur : Astree
Extrait : Kyrie

Le luth

Le luth ressemble à une guitare en forme de poire. Il proviendrait du ud persan. Il accompagne souvent les chanteurs mais est suffisamment expressif pour bénéficier d’un répertoire propre à cet instrument. Nous écouterons le Ricercar n°33 de Marco dall’Aquila (1480-1528), un luthiste vénitien.

Album Dolcissima et Amorosa
Oeuvre : Ricercar 33
Compositeur : Marco dall’Aquila
Composé en : 1520
Interprète : Paul O’ Dette
Album: Dolcissima et Amorosa
Editeur : Harmonia Mundi
Extrait : Début du ricercar

Le virginal

Pour finir, une très belle version de la première pavane (une danse lente) de l’anglais William Byrd, enregistrée à la fin des années 1960 par le pianiste canadien Glenn Gould. Rappelons qu’à l’époque de Byrd, le piano n’avait pas encore été inventé. Byrd vivait à l’époque d’Elizabeth 1ère, c’est un compositeur élizabethain. Il ne jouait pas du piano mais un de ses ancêtres, le virginal, on dit qu’il fait partie des virginalistes anglais.

Album Consort of Musicke
Oeuvre: First Pavan and Galliard
Compositeur: William Byrd
Composé en : 1575
Interprète : Glenn Gould
Album : Consort of Musicke by William Byrd and Orlando Gibbons
Editeur : Sony Classical
Extrait : Début de la pavane

En savoir plus sur cet album Byrd et Gibbons par Glenn Gould

Quelques compositeurs de la renaissance:

  • École franco-flamande: Dufay, Josquin, Ockeghem, de Lassus
  • Écoles italiennes: Gabrielli, Palestrina
  • Angleterre: Tallis, Byrd, Dowland
  • Espagne:Victoria, Cabezon

3. L’époque baroque (1600 -1750)

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La musique baroque n’est pas baroque !. Le terme baroque est emprunté à l’histoire de l’art car à cette époque l’architecture et notamment les églises sont « baroques », c-a-d dire bizarres, pleines d’ornements compliqués par rapport au style plus épuré de la Renaissance. L’époque est architecturalement baroque mais pas musicalement. Au début de l’époque baroque l’influence de la musique italienne est immense, elle donnera une grande unité à la musique européenne continentale, jusqu’en Pologne.

La musique baroque est d’un abord facile pour un moderne. Elle est très expressive, mais ne sollicite pas outre mesure le système nerveux de l’auditeur. L’homme est présent avec ses passions, ses misères et ses faiblesse mais il s’intègre encore à un ordre du monde régit par le Dieu chrétien. L’harmonie moderne est en place, les accords changent selon des règles précises autour d’un centre de gravité, on parle de musique tonale. La sciences du contrepoint (la science de la superposition des lignes mélodiques) est à son apogée notamment avec le plus grand compositeur de l’époque baroque finissante, Jean-Sébastien Bach (1685-1750). L’émancipation de la musique instrumentale est en voie d’achèvement. L’improvisation de l’accompagnement, qui caractérise les musiques vivantes, se pratique encore à l’époque baroque, sous le nom de basse continue; les musiciens suivent un canevas harmonique écrit au moyen d’une ingénieuse notation.


L’opéra

L’opéra est né dans les années 1600 à Florence dans l’actuelle Italie. Pour certains l’ Orféo de Claudio Monteverdi, (1567-1643) dont la première représentation a eu lieu en 1607 est le véritable acte de naissance de la période baroque.


La musique instrumentale

Un tube de l’époque baroque

Johan Pachelbel (1653-1706), né à Nuremberg, est essentiellement connu pour son canon sur une basse obstinée bien qu’il ait produit une intéressante oeuvre d’orgue et de clavecin. Dans un canon, on joue une mélodie à la première voix puis à la seconde, de manière à ce qu’elle se chevauchent. Le fameux «canon de Pachelbel» est un véritable «tube« qui aura malheureusement eclipsé le reste de son oeuvre. Ecoutons le début de ce fameux canon:

A baroque festival
Oeuvre: Canon et Gigue
Compositeur : Johan Pachelbel
Composé en : 1680
Interprète : Taverner Players,Andrew Parrott
Album : A baroque festival
Editeur : Virgin
Extrait: Début du canon

Le concerto

Le concerto, apparaît à l’époque baroque. Initialement confiné à la musique vocale, ce vocable désigne rapidement une forme musicale dans laquelle un groupe d’instruments (concerto grosso) ou un instrumentiste soliste dialogue avec l’orchestre. Les concertos sont généralement divisés en trois parties (rapide-lente-rapide), habitude qui perdure jusqu’à nos jour. La partie centrale est généralement notée lento ou adagio, ce qui signifie à l’aise en italien. L’influence de l’Italie transparaît jusque dans le vocabulaire.

Dans le bel adagio du concerto pour hautbois op.9 n°8 (op.9=opus 9=groupe d’oeuvres n°9) du vénitien Tommaso Albinoni (1671-1750), la mélodie au hautbois se détache particulièrement bien de l’accompagnement joué par l’orchestre en sourdine.

Album Albinoni concerto
Oeuvre : Concerto pour hautbois opus 9 n°8
Compositeur : Tommaso Albinoni
Composé en : 1722
Interprète : Academy of ancient Music,Christopher Hogwood
Album : Albinoni – 12 concertos op. 9
Editeur : Decca
Extrait : Début de l’adagio

Le clavecin

Le clavecin est un intrument à clavier dont les cordes sont pincées et non frappées comme sur le piano. Comme il n’est pas possible, au clavecin, de jouer une note plus fortement qu’une autre, l’interprète doit donner beaucoup de liberté rythmique à son jeu pour être expressif. Les clavecinistes avaient inventé le swing bien avant les jazzmen! En France, François Couperin (1668-1733), l’un de nos plus illustres clavecinistes fait triompher l’esprit français, qui préfigure le classicisme: pas d’emphase, mais un mélange très spirituel de profondeur et de légèreté. Le morceau choisi est écrit dans le style dit luthé, car il s’apparente à celui des compositions pour luth.

Album Couperin Scott Ross
Oeuvre : Livre II – Ordre 6 – «Les Baricades Mistérieuses»
Compositeur : François Couperin
Composé en : 1720
Interprète: Scott Ross
Album : Couperin par Scott Ross au chateau d’Assas vol. 4
Editeur : STIL
Extrait : «Les Baricades Mistérieuses»

L’orgue

L’époque baroque est aussi celle du «Roi des instruments», l’orgue. L’organiste, véritable homme-orchestre, dispose de plusieurs claviers reliés à plusieurs jeux de tuyaux, chacun ayant une couleur particulière. Les basses sont jouées sur un pédalier, par les pieds du musicien.

Nous écouterons un extrait de la fugue de la célèbre Toccata en ré mineur BWV 565 de Jean-Sébastien Bach, interprêté par la grande organiste française Marie-Claire Alain. Les toccatas sont des pièces virtuoses pour instrument à clavier. La fugue est une forme fort savante dans laquelle un motif mélodique principal et des motifs mélodiques secondaires s’entremèlent en suivant des règles précises.

Album Bach Organ Works vol 12
Oeuvre : Toccata en ré mineur BWV 565
Compositeur : Jean-Sébastien Bach
Composé en : 1720
Interprète : Marie-Claire Alain
Album : Bach – Complete Works for Organ ed. 1994, vol.12
Editeur: Erato
Extrait : Début de la fugue

La musique sacrée

La musique sacrée revêt des habits tantôt humbles, comme dans les Leçons de ténèbres de Couperin, tantôt somptueux, comme par exemple dans le Messie de Händel ou le Gloria de Vivaldi. Grâce à l’utilisation conjointe d’un orchestre, de choeurs et de solistes certains genres comme les oratorios, les cantates ou les passions (évocation de la Passion du Christ) permettent aux compositeurs de déployer toute leur science, au service de la musique bien sûr, mais surtout à la gloire de Dieu.

Jean Sébastien Bach utilise la rhétorique propre à l’époque baroque et toutes les ressources de son audacieux génie pour atteindre une intensité absolument inouïe dans l’ouverture de la Passion selon Saint Jean dans la version de 1724.

Passion selon St Jean
Oeuvre : Passion selon Saint Jean
Compositeur : Jean Sébastien Bach
Composé en : 1724
Interprète: La petite bande,Sigiswald Kuijken
Album : Passio Secundum Johannem
Editeur : Deutsche Harmonia Mundi
Extrait: Début du choeur d’ouverture « Herr unser Herrscher »

Le style galant

Enfin mentionnons le style galant initié par l’italien Alberti, qui, par la prééminence qu’il accorde à la voix supérieure et la banalité de l’accompagnement dévolue à la main gauche ( les fameuses basses d’Alberti), préfigure le style classique.


Quelques compositeurs baroques :

  • France : Charpentier, Lully, Delalande, Couperin, Rameau
  • Italie : Monteverdi, Corelli, Vivaldi, Scarlatti
  • Allemagne : Händel, Bach,Telemann
  • Angleterre : Purcell

Pour en savoir plus :

Articles sur des œuvres de l’époque baroque


4. L’époque classique (1760-1810)

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Et oui, il y a une période classique, à l’intérieur de la musique classique. Bien qu’il n’en soit pas l’initiateur, son plus illustre représentant est Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). La musique classique « classique » est assez reconnaissable à l’oreille en ce qui concerne sa période centrale. Elle donne une impression de clarté et de simplicité par rapport à l’époque baroque. La science du contrepoint s’est un peu perdue en route. C’est la musique d’une civilisation urbaine, policée et bourgeoise, d’une religiosité moins affirmée et moins tragique que celle des époques antérieures. Certains genres musicaux s’affirment à cette période, comme la sonate et la symphonies, qui avait fait son apparition un peu plus tôt en Italie. Le piano et l’orchestre moderne apparaissent également à l’époque classique. La période classique connait aussi un épisode pré-romantique à partir de 1768: le mouvement Sturm und Drang.

La symphonie

Dans la symphonie, le discours musical est prononcé par l’orchestre entier, qui ne dialogue plus avec un soliste comme dans le concerto. Mozart compose la symphonie n°25 à 18 ans. La tonalité de sol mineur lui donne une couleur tragique. L’interprétation aérée de l’ensemble baroque d’Amsterdam dirigé Ton Koopman met en valeur l’art avec lequel Mozart étage les plans sonores.

Album Symphonies de Mozart par Ton Koopman
Oeuvre : Symphonie KV 183 n°25
Compositeur : Wolfgang Amadeus Mozart
Composé en : 1773
Interprète : Orchestre baroque d’Amsterdam,Ton Koopman
Album : Mozart – Symphonies Nos 25, 29, 33
Editeur : Apex
Extrait: Début du premier mouvement Allegro con brio

En savoir plus sur cet album Mozart de Ton Koopman

Le quatuor à cordes

Le quatuor à cordes apparait au XVIIIe siècle. Cette formation de musique de chambre regroupe deux violons, un alto et un violoncelle. Les compositions de musique de chambre sont destinées à être jouées en privé par des musiciens amateurs de bon niveau. Composer un quatuor est un exercice difficile dans lequel n’excellent que les grands compositeurs. Les lignes mélodiques ressortent particulièrement bien. Cette impression de clarté qui caractérise l’époque classique nécessite ici une certaine maîtrise du contrepoint, même si l’art de J-S Bach n’est plus.

Album Haydn Quatuor Prazak
Oeuvre : Quatuor à corde opus 76 n°4, lever du soleil
Compositeur : Joseph Haydn
Composé en : 1797
Interprète : Quatuor Prazak
Album : String Quartet op. 76 Nos 4-6
Editeur : Praga Digitals
Extrait : Début du premier mouvement Allegro con spirito

Encore Mozart

Dans le mouvement lent du concerto pour piano n°21 de Mozart, l’orchestre s’efface très souvent devant la mélodie jouée à la main droite, la gauche se contentant de quelques trémolos. Mozart a un tel don mélodique qu’il réussit à charmer son auditoire. Cette gracieuse simplicité est typique de l’époque classique.

Album Mozart Perrahia Concertos 21 27
Oeuvre : Concerto pour piano No.21 K.467
Compositeur : Wolfgang Amadeus Mozart
Composé en : 1785
Interprète: Murray Perahia
Album : Mozart – Piano Concertos 21-27 – Murray Perahia
Editeur : Sony Classical
Extrait: Extrait du deuxième mouvement, andante

Quelques compositeurs classiques:

  • Allemagne : Les fils de J-S Bach
  • Autriche : Haydn, Mozart
  • Italie : Boccherini,

Ludwig van Beethoven est un cas à part : un pied dans l’époque classique et un pied dans le XIXe siècle révolutionnaire.

Pour en savoir plus :

Présentation de la période classique de la musique classique

Articles sur des œuvres de la période classique


5. le XIXe siècle

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Si le XIXe siècle est encore classique à ses début, il va être fortement marqué par le romantisme allemand dont l’influence se fera sentir jusqu’au XXe. Dans la seconde moitié du XIXe on voit parallèlement émerger des courants nationaux qui se positionneront contre ou dans la continuité de ce romantisme.

Un vent de révolution

Le début du XIXe siècle est encore classique dans la forme mais révolutionnaire dans l’esprit. Le début du 4e mouvement de la Symphonie n°5 de Beethoven est plein d’ enthousiasme juvénile. Tendez bien l’oreille, vers la 50e seconde cela ressemble furieusement à du John Williams… le compositeur de la musique d’ E.T. et de Star Wars

Beethoven Symphonie no5
Oeuvre : Symphonie n° 5
Compositeur : Ludwig van Beethoven
Composé en: 1807
Interprète : Claudio Abbado,Philarmonique de Berlin
Album : Beethoven – Symphonies No.2 & No.5 Claudio Abbado, Berliner Ph
Editeur : Deutsche Grammophon
Extrait: Début du 4e mouvement, allegro presto

En ce qui concerne la transition entre classicisme et romantisme on peut mentionner Carl-Maria von Weber, musicien dont l’opéra le Freischütz eut une profonde influence sur Wagner.


Les romantiques

Franz Schubert dernier des classiques ou premier des romantiques, et les musiciens de la génération 1810 (Chopin, Schumann…) exploreront les détours de l’âme humaine avec un langage harmonique d’une grande subtilité. Dans les pays de langue germanique, les chansons ou Lieder, déjà présent dans l’ oeuvre de Haydn ou Mozart évolueront sous la plume des poètes et des musiciens romantiques, pour devenir un genre majeur, un brin élististe, de la musique classique. Le lied de Schubert(Lieder est le pluriel de Lied en allemand) que nous allons écouter, Ständchen, est tiré d’un recueil posthume. C’est une des ses plus célèbres mélodies. Les paroles sont de Ludwig Rellstab. Le lied commence comme ceci: Leise flehen meine Lieder durch die Nacht zu dir: mes chants t’implorent doucement à travers la nuit… Ce lied accompagné originellement au piano est ici proposé dans une version orchestrée par Offenbach.

Schubert Lieder with orchestra
Oeuvre : Schwanengesang (Le Chant du cygne): Ständchen (sérénade)
Compositeur : Franz Schubert,Ludwig Rellstab(paroles)
Interprète : Thomas Quasthoff
Album : Schubert Lieder with orchestra
Editeur : Deutsche Grammophone
Extrait : Deutsche Grammophon

Un polonais à Paris

Frédéric Chopin/Fryderyk Chopin, polonais de père français, apparait tel une une météorite dans le ciel européen. La nouveauté de son langage musical et ses dons de pianiste stupéfièrent ses contemporains notamment Robert Schumann. Sa musique a une couleur inimitable, sans doute en raison des influences du folklore polonais. Cette influence de la musique populaire dans la musique savante fait de Chopin un précurseur.

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Oeuvre: Nocturne opus 9 No 1
Compositeur: Frédéric Chopin
Composé en: 1830
Interprète: Claudio Arrau
Album : Chopin The Nocturnes
Editeur : Philips


Le romantisme tardif

Après 1850 le romantisme persiste en Allemagne, son plus illustre représentant étant Johannes Brahms. On a souvent rappelé le conservatisme de Brahms, son respect pour les musiciens du passé et les formes classiques héritées de Beethoven, dans lesquelles il réussit à insufler vigueur, noblesse et mélancolie. Né en 1833 il attendra 1876 pour composer sa première symphonie. Dans ce XIXe sièce tourmenté, Brahms, insensible aux modes, se dresse tel un roc dans la tempête.

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Oeuvre : Symphonie n°3
Compositeur : Johannes Brahms
Composé en : 1883
Interprète: Bernard haitink, Royal Concertgebouw Orchestra
Album : Brahms, complete Symphonies ans Concertos
Editeur : Decca
Extrait : début du 3e mouvement , Poco Allegretto

Liszt, le grand témoin

Franz (Ferenc) Liszt, né dans l’actuelle Hongrie en 1811, appartient de ce fait à la génération 1810, mais c’est après 1850 qu’il compose ses plus belles œuvres (Sonate en si mineur, Dante-Symphonie…). Sa longue vie lui permit de faire évoluer considérablement son langage musical et ses dernières œuvres (Nuages gris, la lugubre gondole) annoncent le XXe siècle. Liszt était un musicien visionnaire et généreux qui a beaucoup soutenu et influencé Richard Wagner.

En Russie c’est Tchaïkovski (1843-1893) qui prolonge le romantisme allemand.

Le cas Wagner

Richard Wagner né en 1813, constitue un puissant pôle d’attraction ou de répulsion. Artiste total, il a révolutionné le genre de l’opéra en réalisant dans ses drames une synthèse organique entre musique, texte et orchestration. Son œuvre inspirée par la mythologie et les légendes germaniques ainsi que par le christianisme et le mythe du Graal est profondément spirituelle. Wagner incarne le génie allemand dans sa grandeur et sa démesure.

Wagner Parsifal par Karajan
Oeuvre : Parsifal
Compositeur : Richard Wagner
Composé en : 1882
Interprète: Herbert von Karajan, Berliner Philarmoniker
Album : Parsifal
Editeur : Deutsche Grammophon
Extrait: début du Prélude

La mère patrie

Des musiciens nordiques, comme Sibelius et Grieg, d’ Europe Centrale comme Dvorak ou Smetana feront eux aussi entendre, à la suite de Chopin,les accents de leur mère patrie. Cela correspond à un mouvement général de redécouverte des racines, du folklore, qui est parfois lié à des aspirations politiques.

Le poème symphonique Finlandia, de Jean Sibelius, évoque la nature finlandaises et la résistance face à l’oppresseur russe.

Album Sibelius Grieg par Bernstein
Oeuvre : Finlandia
Compositeur : Jean Sibelius
Composé en : 1899
Interprète : Leonard Bernstein,NYP
Album : Grieg: Peer Gyn Suite – Sibelius : Finlandia
Editeur : Philips

Le cas des musiciens russes, Glinka, Borodine, Rimsky-Korsakov, Moussorgsky est différent. Le premier conservatoire n’ayant été fondé en Russie qu’ en 1862, ces musiciens n’avaient été formés à aucun académisme et le folklore russe est consubstantiel à leur musique.


Fin de siècle

A la fin du XIXe siècle le langage harmonique évolue à nouveau considérablement mais dans des directions diverses en préfigurant l’éclatement de la musique du XXe siècle. Le XIXe siècle musical  ne s’achève pas en 1900. Des musiciens majeurs du XXe siècle comme Richard Strauss ou Rachmaninov témoignent de la persistance des esthétiques nées au cours de ce, décidément si riche, XIXe siècle.

Dans cet extrait de l’une des dernières oeuvres de Franz Liszt, La lugubre gondole II (1883), la tonalité se brouille et annonce le futur de la musique occidentale. On est très loin de la troisième symphonie de Brahms, composée pourtant la même année.

Liszt Sonate, lugubre gondole, Krystian Zimerman
Oeuvre : La lugubre gondole II
Compositeur : Franz Liszt
Composé en : 1883
Interprète : Krystian Zimerman
Album : Liszt, Sonate en si mineur
Editeur : Deutsche Grammophon

Debussy, l’enchanteur

Claude Debussy (1862-1918) s’inscrit dans un vaste mouvement de réenchantement du monde en réaction à l’industrialisation et à la mécanisation. On a qualifié sa musique d’ impressionniste mais il aime en réalité les peintres et poètes symbolistes et leurs précurseurs, les préraphaélites anglais.
Aucun romantisme dans la musique de Debussy, mais une capacité stupéfiante à évoquer les mystères de la nature d’un manière si extraordinaire, se jouant de la tonalité sans être atonal tout en incorporant les modes les plus divers, que l’on peut se demander si Debussy n’était pas plus faune qu’ humain.

Le Prélude à l’après midi d’un faune (1894), inspiré par le poème de Mallarmé a été étonnamment bien accueilli lors de sa création malgré son étrangeté.

Debussy, Prélude à l'après-midi d'un faune, Martinon
Oeuvre: Prélude à l’après-midi d’un faune
Compositeur: Claude Debussy
Composé en: 1894
Interprète: Orchestre de l’ORTF, Claude Martinon
Album : Ravel, Debussy – Orchestral works
Editeur : Emi Classics

Quelques musiciens importants qui n’ont pas été cités:

  • Allemagne : Mendelssohn
  • Autriche: Bruckner, Mahler
  • France: Berlioz, Bizet, Chabrier, Fauré
  • Russie: Scriabine
  • Italie: Paganini, Verdi

Pour en savoir plus :

Articles sur des œuvres du XIXe siècle


6. le XXe siècle

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Il se produit un événement tout à fait extraordinaire au XXe siècle : les recherches des théoriciens de la musique qui remontent à l’époque baroque et qui se basent sur la tonalité aboutissent à un point final. Il n’y a plus de progrès possible. Tout a été déjà inventé.

Au XXe siècle, il n’y a plus aucune unité stylistique. C’est une époque de crise et de recherche. Plusieurs possibilités se sont offertes aux compositeurs du XXe, en voici quelques unes:

  • Utilisation du langage tonal (Ravel, Richard Strauss, Mahler, Rachmaninov…)
  • Utilisation des modes grégoriens ou bien des modes exotiques, nouveaux comme chez Debussy et Messiaen.
  • utilisation des musiques populaires comme chez le hongrois Bela Bartok, de la polyrythmie, des micro-intervalles: 1/3 de tons, 1/4 de tons.
  • Recherche de nouvelles sonorités: musique concrète , musique électronique
  • Possibilité plus radicale: tout détruire et repartir de zéro. C’est la grande aventure de la musique atonale initiée par le viennois Arnold Schönberg dans les années 1910, qui va beaucoup plus loin de ce point de vue que Debussy ou Scriabine, qui avaient déjà fait sauter quelques repères familiers. L’école viennoise est à l’origine de la musique contemporaine. Il n’y a plus de tonalité, et parfois plus aucun point fixe pour l’auditeur non averti, ce qui la rend en générale assez angoissante pour le commun des mortels.

Le Sacre

Le ballet, Le Sacre du printemps, composé en 1913 par Igor Stravinski(1882-1971), est considéré comme un des chefs-d’oeuvre de la musique moderne. Stravinski superpose rythmes et tonalités différentes et crée une oeuvre profondément originale. Le «Sacre» conte le déroulement d’une cérémonie sacrificielle dans une russie païenne imaginaire. La musique qualifiée de «sauvage» par ses détracteurs et la chorégraphie de Nijinski scandalisèrent le public parisien lors de la première.

Album Pierre Monteux, Sacre du Printemps
Oeuvre : Le sacre du printemps
Compositeur : Igor Stravinski
Composé en : 1913
Interprète: Pierre Monteux, Boston Symphony Orchestra
Album : Le Sacre du Printemps, Petroushka
Editeur : RCA
Extrait : Début de la danse des adolescentes

Le dodécaphonisme

Anton Webern (1883-1945) est l’un des chef de file de l’école de Vienne. C’est un élève d’ Arnold Schönberg dont il reprend la technique dodécaphonique: chaque oeuvre est caractérisée par une série de 12 sons. Le matériau initial est travaillé selon des règles strictes et complexes, renouant avec l’esprit des contrapuntistes de l’époque baroque. Les variations pour piano op. 27 sont considérées par Webern lui-même comme l’une de ses oeuvres les plus abouties. Sa complexité, sa sécheresse émotionnelle voulue, l’utilisation de séries dissonantes, rendent cette oeuvre difficilement accessible.

Récital Maurizio Pollini 1978
Oeuvre : Variations pour Clavier op.27
Compositeur : Anton Webern
Composé en : 1935
Interprète : Maurizio Pollini
Album : Stravinski – Petrouchka / Prokofiev – Sonate n° 7 / Webern – Variations op. 27 / Boulez – Sonate n° 2
Editeur : Deutsche Grammophon
Extrait : 1. Sehr mäßig

Modes colorés

Dans les Vingt regards sur l’enfant Jésus, Olivier Messiaen (1908-1992) utilise des modes à transpositions limitées possédant chacun une couleur et une signification particulière. Dans le Regard du père, le mode2 prédomine. Messiaen voyait réellement des couleurs lorsqu’il entendait de la musique, c’est un cas particulier de synesthésie.

Vingt regards sur l'Enfant Jésus
Oeuvre : Vingt regards sur l’Enfant Jésus
Compositeur : Olivier Messiaen
Composé en : 1944
Interprète : Yvonne Loriot
Album : Olivier Messiaen – Vingt regards sur l’Enfant Jésus
Editeur : Apex
Extrait : Début du premier regard: Regard du père
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15 réflexions sur « Petite histoire de la musique classique »

  1. Merci beaucoup pour ce site d’une grande qualité, me permettant de mieux saisir les différents mouvements de la musique. Un très grand bravo à son créateur !

    1. Merci !!! Je penserai à Mendelssohn quand je remettrai l’article à jour, une simple mention ou un encadré, je ne sais pas encore… Il y a des lacunes, surtout pour les périodes anciennes, mais il ne faut pas trop alourdir l’ensemble. Merci pour votre intérêt !

  2. Merci beaucoup pour cette synthèse qui me permet d’y voir plus clair, beaucoup de plaisir aussi et que c’est beau le hautbois.

  3. Je sais bien que dans cette petite énumération vous ne pouvez pas mettre tout le monde, mais j’aimerais que vous ajoutiez parmi les musiciens français « baroques » Lully et Delalande notamment. Sinon j’aime bien la façon pédagogique dont vous présentez la musique classique.
    Bien cordialement,

    J.m. Kaes

  4. Très bon résumé, il m’en fallait un assez concis afin de préparer un QCM de culture G. Merci pour toutes vos explications !
    PS : Vous ne pourriez pas faire le même pour l’histoire du jazz :p

    1. Content d’avoir pu vous aider. Je laisse le jazz à d’autres, plus capables, même si j’en écoute volontiers.

  5. Issu d’une culture à la base purement pop, r&b et rap. Puis mes parents m’ont fait découvrir la musique indienne ce qui me poussa hors des sentiers battus et à être bien plus ouvert aux différents styles musicaux. Par la suite j’ai eu une forte période de musique acousmatique également qui me poussa à investir dans du matériel hifi.

    Je suis tombé un jour par hasard sur un CD dans une brocante à 1 euro de Carlo Maria Giulini reprenant des compositions de César Frank. Je n’écoutais qu’en musique de fond pendant que je travaillais sur mon ordinateur. Cependant des détails me captivaient sur une des compositions « Symphonic Variations (P. Crossley on Piano) » qui me poussais à écouter et réécouter toute la composition. Plus les jours passaient et plus je comprenais et ressentais l’œuvre. J’écoutais toute l’œuvre tout en ayant hâte que le premier passage qui m’a intrigué arrive, à la manière d’un spectateur attendant la meilleur scène d’un film qu’il connais déjà.

    Cette expérience à m’a poussé à découvrir ce pan gigantesque qu’est la musique classique. Tellement grand et dissuadant que j’ai mis 2 ans avant de simplement taper sur google « découvrir la musique classique ».

    Ma joie fût énorme en découvrant votre site. Qui permet de mettre un pied dans ce monde tout en évitant de nous perdre. Vous fournissez de bonnes pistes afin que notre curiosité nous permette d’aller plus loin de nous-même. Merci pour m’avoir guidé, j’ai maintenant une liste de CD à acheter.

    Peut être une simple remarque, il serait intéressant qu’en plus de l’extrait sonore à chaque époque de proposer 2 ou 3 liens vers d’autres exemples de ce mouvement afin de l’étayer un peu plus.

    Merci pour ce partage de connaissances.

    Au passage, je suis un pur gamin de banlieue qui boycottais l’éducation nationale (donc excusez-moi pour les fautes d’orth). Comme quoi…

    1. Merci beaucoup pour votre commentaire. Vous êtes la raison d’être de ce site 🙂 Le but était de présenter la musique classique de façon simple afin de corriger une injustice: l’absence d’enseignement de la culture musicale dans l’éducation nationale (sans doute en raisons de vilains motifs idéologiques). Bravo pour votre indépendance d’esprit !
      Écouter une œuvre en boucle comme vous le faites jusqu’à ce qu’elle fasse partie de nous-même me semble la bonne méthode. Pensez à lire le livret des CDs, on y trouve beaucoup d’informations intéressantes.
      Je vais réfléchir à votre suggestion. Si vous ne l’avez pas encore visitée, y a pas mal de pistes dans la petite discothèque classique.
      Encore merci pour votre témoignage et bonnes découvertes !

  6. Hey votre site article est génial, c’est un voyage accessible à tout le monde à travers la genèse de la musique. Merci!!!

  7. Super site, votre article est un voyage accessible à tout le monde à travers la genèse de la musique. Merci!!

  8. Bonjour, je viens de découvrir votre site. Il est très pédagogique. J’écoute de la musique depuis plus de 35 ans et grâce à vous j’en découvre encore. Merci.

  9. Je n’ai aucun problème avec la musique classique du XXe siècle depuis que j’ai compris que les compositeurs essayaient de s’approcher toujours plus de la fausse note. Il faut que ça ait l’air d’une fausse note le plus souvent possible. C’est rafraichissant, c’est comme d’écouter un musicien débutant qui multiplie les fautes.

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