Archives par mot-clé : 19e siècle

Brahms – Sextuor n°1 op.18

Johannes Brahms (1833-1897) – Sextuor à cordes en si bémol majeur op.18 (1860)

Johannes Brahms en 1853
Johannes Brahms en 1853

On accole souvent des épithètes malheureuses aux œuvres classique; le premier sextuor de Brahms, parfois qualifié de frühlingsextet, sextuor du printemps, n’y a pas échappé. Si les deux derniers mouvements ont quelque chose de vaguement pastoral, on peine a retrouver dans les deux premiers les «douces rêveries au bord de l’Elbe en un blond printemps» évoquées par Claude Rostand, grand spécialiste de Brahms. Cette œuvre doit être jouée avec un engagement exceptionnel pour révéler son vrai visage. Elle est animée par une énergie, une simplicité et une noblesse qui reflètent bien plus l’âme du compositeur qu’elle ne dépeignent un quelconque paysage bucolique.

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Dvořák – Concerto pour violoncelle

Antonín Dvořák (1841-1904) – Concerto pour violoncelle et orchestre en si mineur, opus 104 (1895)

Antonín Dvořák
Antonín Dvořák

Le concerto pour violoncelle est l’un des chefs-d’œuvre tardifs de Dvořák. Tout comme la Symphonie du nouveau monde , qui le dépasse à peine en terme de popularité. Le concerto pour violoncelle a été composé en Amérique, mais il n’a, lui, rien d’américain. Ce concerto synthétise peut-être encore plus que la symphonie n°9 les qualités de compositeurs de Dvořák, – dont on rappelle qu’il a vécu essentiellement sur le territoire de l’actuelle République Tchèque -:
Une nouvelle fois, Dvořák nous offre de magnifiques thèmes, nobles et mélancoliques, mais, si l’on écoute attentivement l’œuvre, on est également frappé par la qualité de la partition orchestrale: beauté et sobriété de l’instrumentation, apparitions magiques du cor, dialogues exquis entre le violoncelle et les instruments à vents…

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Dvořák – Symphonie du Nouveau Monde

Antonin Dvořák (1841-1904)- Symphonie n°9 en mi mineur, «du Nouveau Monde» (1893)

 

Antonín Dvořák
Antonín Dvořák

La Symphonie du Nouveau Monde est triplement américaine: elle a été composée sur le sol américain un an après la nomination du tchèque Antonin Dvořák (prononcé souvent « Dvorjak », la prononciation tchèque ressemblant à « Dvojak ») au poste de directeur du Conservatoire national de musique, elle s’inspire de la musique des indiens d’Amérique et d’un poème de Henry Longfellow Le Chant de Hiawatha.

Dvorak a expliqué qu’il n’avait pas utilisé de mélodies traditionnelles mais qu’il avait «écrit des thèmes originaux en incorporant les particularités de la musique indienne». Voici ce qu’il disait dans le New Herald en 1893 :

« J’ai étudié attentivement un certain nombre de mélodies indiennes qu’un ami m’avait transmises, et je me suis imprégné à fond de leurs caractéristiques – de leur esprit, en réalité. C’est cet esprit que j’ai essayé de reproduire dans ma nouvelle symphonie. En faite je n’ai utilisé aucune de ses mélodies. J’ai simplement écrit des thèmes originaux qui contiennent les particularités de la musique indienne, et, en utilisant ses thèmes comme sujet, je les ai développés en utilisant toutes les ressources des rythmes modernes, de l’harmonie, du contrepoint et de l’orchestration. (…) Cependant, j’ai constaté que la musique des nègres et celle des Indiens était pratiquement identique. »

Dans une lettre au secrétaire de la société philharmonique de Londres datée de 1894, il écrit :

« J’ai appelé sa symphonie « du Nouveau Monde », parce que c’est la toute première œuvre que j’ai écrit en Amérique. Selon moi, je pense que l’influence de ce pays (c’est-à-dire les chansons folkloriques nègres, indienne, irlandaise, etc.) y est sensible, et que cette œuvre et toutes les autres écrits en Amérique diffèrent grandement de mes autres œuvres aussi bien en termes de couleurs que de caractères (…) »

Dvorak lui-même et certains chefs d’orchestre ont minimisé cette influence américaine et il est vrai que l’on entend assez souvent les accents de l’Europe Centrale… surtout quand ce sont des chefs d’Europe Centrale qui jouent cette musique.

La popularité de la Symphonie du Nouveau Monde est due à la grande qualité des mélodies qui circulent au sein des mouvements et reviennent en nombre dans le dernier. Tout le monde ou presque connaît les thèmes des 1er 2e et 4e mouvement. Le thème du 1er mouvement a été utilisé par Serge Gainsbourg pour « Inital BB ». La preuve: écoutez tout d’abord le début premier mouvement (pour les plus pressé, allez directement à 2:00 min),


puis écoutez comment Gainsbourg s’est approprié , avec talent, ce thème de Dvorak (pour les plus pressés, allez à 0:29):

Les curieux peuvent regarder un making of de initails BB sur Youtube.

Le deuxième mouvement est très nostalgique avec son beau thème au cor anglais (qui, comme son nom ne l’indique pas, appartient à la même famille que le hautbois) évoquant la mort de Minnehaha, l’épouse de Hiawatha. Écoutons le début du deuxième mouvement :

 

Version choisie : Chicago Symphony Orchestra, Sir Georg Solti (direction)

Couverture de l'album Dvořák : Symphonie N°9, Solti

Album: Dvořák : Symphonie N°9, «du Nouveau Monde» | Interprètes: Chicago Symphony Orchestra, Sir Georg Solti (direction) | Editeur: Decca
Voir sur Amazon.fr | Fnac.com

 

Cet enregistrement est recensé dans la petite discothèque classique (1)

En raison de la grande popularité de cette symphonie il y a pléthore de versions, pour vous faire une idée vous pouvez consulter la très intéressante et exhaustive présentation et discographie de la symphonie « du Nouveau Monde » sur patachon.free.fr

Le choix d’une version est très subjectif car deux traditions d’interprétation coexistent: l’une américanise la 9e, l’autre la tchéquise. Étant sensibles à l’appel des grands espaces nous avons retenu la version de Solti, tout simplement magique et qui bénéficie d’une remarquable prise de son. Pour les amoureux de l’Europe Centrale qui aiment les tempi bondissants et les phrasés fluides, les interprétations de Rafael Kubelik (par ex: version de 1991 chez Denon) ont un charme que les autres n’ont pas; bon c’est parfois un peu trop bondissant, mais c’est ce qui fait précisément le charme des interprétation de Kubelik.